Solides résultats 2023 pour les ESN françaises
Atos a été, fin février, la dernière grande ESN française à publier ses résultats 2023. Dans l’ensemble, ces derniers ont été solides, tous les groupes affichant des croissances organiques de leur chiffre d’affaires et des améliorations de leurs marges opérationnelles, reflétant la bonne tenue du marché des services IT et les besoins croissant de digitalisation des entreprises. Cette croissance a été tirée par le cloud et la sécurité, deux segments qui continuent d’afficher des croissances supérieures à 10%.
Ces solides performances cachent toutefois un net ralentissement de la croissance, pour tous les acteurs, sur la seconde moitié d’année avec même, pour Capgemini, un recul de son chiffre d’affaires au quatrième trimestre (-0,9% en organique au niveau monde). Si ce ralentissement était partiellement anticipé, il a néanmoins été plus brutal que prévu, menant plusieurs acteurs à publier des résultats dans le bas de leurs prévisions annuelles. Capgemini enregistre ainsi une croissance de son CA 2023, à taux de change constant, de 4,4% (vs +4% à +7% visés), Atos une croissance organique de +0,4% (vs +0% à +2% visés) et Econocom de +1,2% (vs +5% initialement visés).
Tous les pays et tous les secteurs ne sont néanmoins pas uniformément impactés. Le ralentissement est beaucoup plus brutal aux Etats-Unis, région où Capgemini voit son CA reculer de -6,6% au T4 23, performance en ligne avec celle des grands fournisseurs internationaux dans le pays (-1% pour Accenture, -3% pour TCS, -4,9% pour Infosys…). A l’inverse, l’Europe, et la France en particulier, résistent beaucoup mieux. Ceci se reflète dans les croissances, supérieures, affichée par les acteurs fortement ou uniquement exposés aux marché français (CA 2023 en hausse de +11,1% pour Neurones, +6,3% pour Sopra Steria, +6,3% pour les services IT d’Orange Business…). D’un point de vue sectoriel, le secteur TMT (Technologies, Médias, Télécoms) souffre particulièrement tandis que les services financiers sont victimes de la prudence des banques dans leurs dépenses discrétionnaires au vu de l’environnement de taux incertain. A l’inverse, la défense, le secteur public et la santé continuent d’enregistrer des rythmes d’investissements soutenus.
Malgré ce ralentissement de croissance, les hausses de chiffres d’affaires enregistrées en 2023, combinées à une bonne maitrise des coûts (Capgemini et Atos ont vu leurs effectifs reculer d’environ 5% en 2023), ont permis une amélioration généralisée des marges opérationnelles. Seul Econocom enregistre une légère baisse (4,3% en 2023 vs 5,1% en 2022) en raison de coûts exceptionnels et d’un décalage entre l’inflation de ses coûts de production et leurs répercussions dans ses prix de vente. Le groupe confirme avoir vu une reprise au second semestre.
Pour 2024, les premiers commentaires pointent vers un début d’année difficile, dans la lignée des performances enregistrées fin 2023. Néanmoins, des carnets de commandes élevés et des besoins de digitalisation toujours importants chez les clients, permettent de tabler sur un point d’inflexion en termes de croissance dès le T2 et sur une accélération progressive sur la fin d’année. Au final, les croissances attendues sur 2024 demeurent ainsi positives, quoiqu’inférieures à celles enregistrées en 2023 (+3% à +5% attendus pour Econocom ; +2% à +4% pour Sopra Steria ; +0% à +3% pour Capgemini). Ces éléments sont parfaitement en ligne avec nos prévisions. Rappelons que PAC table sur une croissance du marché des services IT, en France, de +3,5% en 2024, en légère décélération par rapport à 2023 (+4,3%) avec une plus forte croissance attendue sur les services d’applications (+3,8%) que sur les services d’infrastructures (+2,8%).