Numérique : une croissance continue depuis 15 ans qui se ralentit
PAC réalise tous les semestres l’analyse de la conjoncture du marché numérique français (ESN, éditeurs et ICT) avec numeum en interrogeant plus de 150 DSI et environ 300 entreprises du numérique.
Toutes les bonnes choses ont une fin ? Ce célèbre adage peut aujourd’hui s’appliquer à la dynamique du secteur numérique qui, après deux années exceptionnelles, ralentit en 2024. 2022 et 2023 étaient les deux années après la crise du covid durant lesquelles les entreprises ont dû essayer de rattraper à marche forcée le retard d’investissement dans le numérique pris lors de cette période. C’est l’une des raisons pour lesquelles la croissance a été vraiment très forte pendant ces deux années. Même si la transformation numérique des entreprises est encore loin d’être terminée, elles sont aujourd’hui obligées (dans l’ensemble) de ralentir leurs investissements du fait de la situation économique, elle aussi, ralentie (la Banque de France prévoit une croissance du PIB de +0,8% en 2024 contre +1,1% en 2023).
Cependant, le ralentissement est surtout constaté aujourd’hui sur les activités de services (ESN et ICT dans une moindre mesure) alors que les activités d’éditeurs et de plateformes cloud restent toujours dynamiques et fortement tirées par les plateformes cloud justement.
Nous avons donc revu à la baisse la croissance du secteur qui devrait se situer à +5% au lieu de +5,8% que nous avions estimée fin 2023 pour 2024. Le principal frein à la croissance sur S1 2024 n’est plus le manque de ressources (qui est en 3ème position) mais la situation économique générale et le manque d’opportunités commerciales.
Le secteur industriel reste le plus gros « donneur d’ordre » du numérique et continue sa bonne dynamique en 2024 (+6,2%) tirée par la convergence IT/OT, la digitalisation des usines et des produits. Le secteur des services, second secteur en termes de taille, est porté par une très forte demande de transformation, notamment portée par le cloud (+7,5%). La banque subit un ralentissement assez prononcé avec des grands comptes qui cherchent à optimiser leurs budgets (+2,2%).
Le sujet du développement durable est dans l’agenda de la plupart des entreprises, notamment les plus grandes, depuis un certain temps. Ce sujet va encore prendre de l’ampleur avec la directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), entrée en vigueur le 1er janvier 2024, qui fixe de nouvelles normes et obligations de reporting extra-financier. Elle concerne les grandes entreprises et les PME cotées en bourse. L’objectif de cette directive est d’encourager le développement durable des entreprises et d’identifier celles qui sont disciplinées en la matière. Les informations récoltées permettront de mieux évaluer l’impact de l’entreprise et de son activité sur l’environnement. 35% des entreprises du numérique ont d’ailleurs déjà commencé ou finalisé leurs travaux sur cette directive au S1 2024.
La tension sur les ressources s’est un peu desserrée depuis S2 2023 du fait du ralentissement du nombre d’appels d’offres constatés ou du nombre de projets gagnés qui engendre un taux d’occupation en baisse chez 32% des entreprises de services du numérique (ESN et ICT). Cette baisse de la tension se voit aussi puisque le manque de ressources n’est plus que le troisième frein de la croissance en S1 2024 pour les ESN (avec 43%), les ICT (31%) et les éditeurs et plateformes cloud (34%).
L’IA générative fait maintenant quasiment partie de notre quotidien et il est normal que les entreprises du numérique aient bien pris en considération cette nouvelle technologie, aussi bien pour leurs propres services et processus internes que, bien entendu, au travers de leurs offres de solutions et services. Il est aussi intéressant de noter l’augmentation de la perception positive de l’IA générative entre le second semestre 2023 et le premier semestre 2024.
Ainsi, 91% des ESN et ICT ont des actions en cours pour l’utilisation de l’IA générative pour leurs métiers / processus internes et 85% pour les éditeurs. Bien évidemment, tout n’est pas complètement terminé mais ces entreprises auront finalisé la mise en place de solutions d’ici fin 2024 pour la plupart.
Le développement logiciel reste le premier métier qui bénéficie de l’apport de l’IA générative (pour 63% des entreprises du numérique), puis le marketing (55%), le commercial (43%), le support utilisateurs (43%), le test logiciel (38%), la relation clients (35%), les RH (24%), le juridique (17%) et enfin la finance (11%). Il est intéressant de noter l’augmentation sensible du marketing (+14%) ou du commercial (+14%) entre S2 2023 et S1 2024. Cette évolution est le reflet d’une maturité accrue où les entreprises du numérique, après avoir mis en place l’IA générative pour leurs métiers / cas d’usage les plus évidents autour du delivery (développement et test), s’en empare pour des métiers autour du développement des ventes.
Merci à toutes les entreprises du numérique toujours plus nombreuses à nous répondre chaque semestre pour permettre ces analyses très importantes pour l’ensemble de l’écosystème. La prochaine analyse sera lancée en septembre 2024. Nous comptons sur vous ! Pour faire partie du panel, complétez le formulaire en cliquant ici.