Le risque et la volatilité des SPACs dans le numérique mis au grand jour ces dernières semaines

Les SPAC (Special Purpose Acquisition Company), également connus sous le nom de "sociétés à chèque en blanc", ont fortement gagné en popularité ces dernières années. Le processus d'introduction en bourse des SPAC est essentiellement une fusion inversée : les SPAC lèvent d'abord des fonds sur le marché boursier en promettant d'acheter une entreprise présentant des caractéristiques prédéfinies (un domaine d’activité, une zone géographique…), et ce n'est qu'après avoir levé les fonds qu'ils choisissent une cible, puis fusionnent avec elle.

Pour les entreprises, lever des fonds par le biais d'un SPAC est plus rapide, et souvent moins cher que via une introduction en Bourse traditionnelle. Les SPAC existent depuis des décennies mais leurs volumes ont explosé ces deux dernières années, les plaçant sous le feu des projecteurs. 248 SPACS ont été introduits sur le marché en 2020 dans le monde. Et ce succès s'est confirmé en 2021 puisque 613 SPACs ont été cotés en bourse, levant un total de 162 milliards de dollars, soit plus que le volume total des SPACs de 2003 à 2020 !

Le marché de l’IT et une cible privilégiée pour les SPACs car affichant des croissances généralement supérieures à la moyenne de l’économie. Selon Goldman Sachs, 40 % des fonds levés en 2020 dans le cadre d’IPO via SPAC américains concernaient le secteur de l'IT. Au vu des perspectives de croissances alléchantes, les investisseurs ont continué à miser massivement dans les entreprises du cloud et de l'intelligence artificielle (IA) via les SPACs et ce, même aux pires moments de la crise de la COVID-19.

Le mois de janvier 2022 a néanmoins marqué un important retournement pour les SPACs. En effet le mois dernier, l’ensemble des bourses mondiales a souffert de la remontée des taux d’intérêts de long terme du marché obligataire et affichés leur pire mois de janvier depuis 2009. Le secteur technologique, beaucoup plus volatile et sensible aux taux d’intérêts, a donc fortement souffert. Parmi elles, les sociétés introduites en bourses via un SPAC ont été les premières à en faire les frais. Nous pouvons par exemple citer Virgin Galactic de Richard Branson, qui a perdu 30% de sa valeur en janvier 2022, passant sous le seuil de sa valeur d’introduction ou encore Matterport, qui surfait jusque-là sur la tendance du Metaverse et dont l’action a perdu plus de 50% de sa valeur le mois dernier. Les SPACs ont aussi connu leur record de retraits de cotation, plus de 20 en janvier seulement, bien plus que le total des liquidations de SPACs durant deux dernières années, et l’annulation de nombreux deals dû aux conditions de marché défavorables, dont le rachat de la fintech Acorns par l’éditeur de logiciels d’ITSM ServiceMax.

Finalement, les SPACs offrent des résultats mitigés tant pour les investisseurs que pour la société acquise. Les SPAC ont d’ailleurs sous-performé l'indice S&P500 au cours de la dernière décennie. À cette sous-performance, il faut ajouter la très grande volatilité de leurs cours et l’incertitude liée au choix de la cible. Ce mois de janvier nous conforte donc dans notre opinion que les SPACs ne remplaceront jamais complètement les IPOs traditionnels pour les entreprises du numérique.

Malgré les récentes déconvenues, nous estimons néanmoins que les SPACs devraient continuer à concurrencer les fournisseurs IT traditionnels sur le M&A. En effet, les startups innovantes dans les domaines de la cybersécurité, de l'IA, du quantique et du cloud sont attirées par les valorisations élevés proposés par les SPAC, qu'un acquéreur industriel ne sera souvent pas prêt à égaler. On peut ici citer Arquit Quantum Inc dans la cryptographie post-quantique, Matterport dans le Metaverse…

Dans un tel contexte, certains éditeurs de logiciels établis, tels que Salesforce, lancent leurs propres fonds de capital-risque en parallèle de leur stratégie d’acquisition classique, afin de devenir investisseurs plutôt que propriétaires de ces pépites technologiques et ainsi diversifier leurs risques. En mars 2021, Salesforce a déclaré avoir réalisé 2,17 milliards de dollars de revenus en 2020 grâce à ces investissements, principalement grâce aux sociétés Snowflake et nCino qui sont entrées en bourse cette année-là.

Pour plus de détails, veuillez-vous référer à notre étude "SPACs in Digital and Cloud", parue en janvier (https://www.sitsi.com/spacs-digital-and-cloud-inbrief-analysis-worldwide )

 

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