2025 : année noire pour le numérique en France ?
PAC réalise tous les semestres l’analyse de la conjoncture du marché numérique français (ESN, éditeurs et ICT) avec numeum en interrogeant plus de 100 DSI et 300 entreprises du numérique.
Après plusieurs années de fortes croissances tirées notamment par un rattrapage des investissements non réalisés pendant la période du covid, le marché du numérique en France ralentit fortement en 2025. Ce retournement est directement lié au ralentissement de l’économie française et aux impacts des différentes tensions géopolitiques mondiales (guerre en Ukraine, à Gaza, augmentation des prix de l’énergie, inflation…).
Les entreprises doivent aussi faire face à une augmentation parfois substantielle des coûts liés aux logiciels et aux plateformes cloud, dont elles ne peuvent se passer, du moins à court terme. Cela conduit à une diminution des dépenses en services numériques, plus faciles à réduire ou à reporter, dans une tentative de compensation.
Le ralentissement est donc surtout constaté aujourd’hui sur les activités de services (ESN et ICT) alors que les activités d’éditeurs et de plateformes cloud restent toujours dynamiques et fortement tirées par les plateformes cloud justement.
Nous avons donc revu à la baisse la croissance du secteur qui devrait se situer à +1,8% au lieu de +4,1% que nous avions estimée fin 2024 pour 2025.
Les éditeurs et plateformes cloud, seuls en croissance (+8,2 %), bénéficient surtout de la dynamique «move to cloud» (IaaS et PaaS,) et de la hausse des tarifs, ces deux facteurs représentant 3 points des 8,2 %. Cependant, cette progression repose sur peu de nouveaux projets d’investissement, ce qui freine les activités d’intégration et de déploiement des ESN et du conseil en technologies.
Pour 2025, nous anticipons des baisses pour les ESN (-2,1 %) et le conseil en technologies (-2,5 %), avec une diminution du taux d’occupation des équipes, signalée par 32 % des répondants.
Le principal frein à la croissance sur S1 2025 est la situation économique générale et le manque d’opportunités commerciales (pour 82% et 60% des ESN interrogées) mais aussi la situation géopolitique internationale pour 53% d’entre-elles.
Le secteur industriel reste le plus gros « donneur d’ordre » du numérique mais ralentit sensiblement et passe sous les +1% de croissance en 2025 (+0,9%) freiné par les forts ralentissements d’investissements chez Airbus ou chez les constructeurs automobiles qui vivent une situation économique difficile. Le secteur des services, second secteur en termes de taille, est porté par une très forte demande de transformation, notamment portée par le cloud (+5,7%). Le ralentissement constaté depuis 12-18 mois dans les prises de commandes dans les banques se constate aujourd’hui dans les revenus des fournisseurs avec un ralentissement assez prononcé du marché avec des grands comptes qui cherchent à optimiser leurs budgets (-0,5%).
L’adoption de l’intelligence artificielle générative s’accélère dans le secteur numérique : près d’une entreprise sur deux (48%) développe désormais des projets d’IA générative pour sa clientèle, marquant une progression significative par rapport aux 29% enregistrés fin 2023. Néanmoins, pour lever les freins à cette transformation technologique, les acteurs du numérique doivent amplifier leurs efforts d’investissement. La montée en compétences constitue un enjeu prioritaire, puisque 47% des entreprises interrogées identifient le déficit de formation comme un obstacle principal. Parallèlement, la même proportion d’organisations souligne la complexité à définir des cas d’usage à fort impact économique – un défi qu’il convient de relever pour encourager les investissements clients à grande échelle dans cette technologie émergente.
L’enquête auprès des DSI montre une augmentation des budgets IT en 2025 mais cela ne garantit pas une accélération de l’innovation. En effet, 74% des DSI ont un budget IT en hausse pour 2025… mais majoritairement pour absorber l’élargissement du périmètre IT ainsi que l’inflation sur l’ensemble de leurs coûts de fonctionnement (salaires, services externes, logiciels).
Pour faire face au contexte économique et géopolitique et aux incertitudes, les DSI ont mis en place différentes stratégies :
- Réduction de la durée ou décalage des projets
- Priorisation des projets cybersécurité
- Augmentation des gains de productivité notamment via l’IA
- Ré internalisation des compétences notamment sur les compétences sécurité, cloud, data
- Relocalisation de leurs infrastructures
Lors de la sélection des fournisseurs numériques, deux critères se démarquent désormais comme étant les plus déterminants : le prix et la flexibilité contractuelle. Dans un contexte économique où la maîtrise des coûts est cruciale, les entreprises cherchent à optimiser leurs dépenses tout en s’assurant une certaine agilité dans la gestion de leurs contrats. Cette approche permet non seulement de réduire les coûts initiaux, mais aussi de s’adapter rapidement aux changements et aux besoins évolutifs, offrant ainsi une meilleure réactivité face aux imprévus du marché.
Pour améliorer l’efficacité et la flexibilité, les entreprises envisagent plusieurs leviers afin de contrôler l’augmentation des coûts liés aux activités de services. Parmi ces stratégies, la massification des fournisseurs et l’augmentation des parts de nearshore et d’offshore sont les principales. Ces approches combinées visent à créer un équilibre entre coût, qualité et flexibilité, essentiel pour rester compétitif dans un environnement en constante évolution.
Merci à toutes les entreprises du numérique toujours plus nombreuses à nous répondre chaque semestre pour permettre ces analyses très importantes pour l’ensemble de l’écosystème. La prochaine analyse sera lancée en septembre 2025. Nous comptons sur vous !
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