Souveraineté numérique : La France trace la voie du cloud européen

Dans le contexte géopolitique marqué par une montée des tensions internationales et une prise de conscience accrue autour des questions de souveraineté numérique, l’intérêt pour le cloud souverain n’a jamais été aussi fort en Europe. Les enjeux liés à la protection des données, à la maîtrise des infrastructures critiques et à la conformité réglementaire poussent les gouvernements et les entreprises à repenser leurs stratégies de transformation numérique. La dépendance vis-à-vis d’acteurs extra-européens suscite de plus en plus de débats, tandis que les institutions européennes multiplient les initiatives et les réglementations pour renforcer la capacité du continent à héberger et sécuriser ses propres données.

C’est dans ce contexte que PAC a mené une enquête auprès de 550 directions de grandes entreprises en Europe, dont 100 en France, afin de mieux comprendre les besoins, les attentes, les enjeux et les défis rencontrés dans leur adoption du cloud souverain (PAC CxO Survey « Digital Sovereignty 2025 and beyond »). Cette étude vise à comprendre l’importance stratégique accordée à la souveraineté numérique, le niveau de préparation face aux réglementations émergentes, les critères de choix des solutions, la manière dont les entreprises trouvent un équilibre entre innovation et conformité réglementaire, ainsi que les différences d’approche entre pays européens.

Les résultats mettent en lumière la position singulière de la France, qui apparaît comme le pays le plus engagé et le plus avancé dans le développement de solutions cloud souveraines. L’existence d’un cadre réglementaire exigeant, articulé autour de la certification SecNumCloud délivrée par l’ANSSI, confère à la France ce rôle de pionnier. Cette norme, la plus stricte d’Europe, établit un référentiel de sécurité et de gouvernance garantissant la protection, la maîtrise et la résilience des données sensibles, notamment vis-à-vis des législations extraterritoriales. La France est d’ailleurs, avec l’Espagne, le seul pays dans notre enquête où les entreprises accordent autant d’importance à la réglementation locale qu’aux normes européennes.

Cette dynamique s’appuie également sur un écosystème de fournisseurs particulièrement développé en France avec des fournisseurs de plateformes (OVH, Orange Business…) et de services (Capgemini, Atos, Thales Services Numériques…) nationaux. En effet, dans le TOP-10 des fournisseurs de services cloud en France publié annuellement par PAC, sept sont français, alors qu’aucun acteur anglais ne perce le top-10 au Royaume-Uni. A cet écosystème, s’ajoutent des partenariats stratégiques entre entreprises françaises et grands fournisseurs internationaux. Des initiatives telles que Bleu (Orange, Capgemini et Azure) et S3NS (Thales et Google Cloud) illustrent la volonté de combiner innovation technologique et exigences de souveraineté, en conciliant performance, conformité et indépendance stratégique.

Parmi ces initiatives, S3NS Trusted Cloud, qui est disponible commercialement depuis le 15 octobre et attend la qualification SecNumCloud 3.2 d’ici la fin 2025, occupe une place spécifique. Fondée sur un modèle de coopération inédite entre un acteur industriel français et un hyperscaler américain, la société combine le large catalogue de services de Google Cloud avec les exigences de souveraineté, de conformité et de sécurité imposées par le cadre réglementaire français, notamment une gouvernance et une exploitation locale.

Avec des prix environ 15 à 20 % supérieurs à ceux des offres traditionnelles, les solutions de cloud de confiance ciblent en priorité les secteurs régulés (administrations, santé, finance, défense) avec des besoins de sécurité et de conformité élevés. Dans le contexte géopolitique actuel, l’appétit pour de telle solutions grandit aussi de la part d’entreprises d’autres secteurs, afin d’utiliser ces solutions pour héberger leurs données et workloads les plus sensibles.

 

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