Ralentissement généralisé de la croissance pour les ESN françaises au troisième trimestre
Ces dernières semaines, toutes les grandes ESN françaises ont publié leurs résultats du troisième trimestre 2023 et le ralentissement de la croissance est généralisé. A l’exception de Neurones, seul à continuer à afficher une croissance de plus de 10% (+11,0% au T3 23), tous les acteurs ont, en effet, enregistré un net ralentissement de leur croissance organique au troisième trimestre, Atos et Econocom affichant même un recul de leur chiffre d’affaires sur la période (-3,0% et -5,2% respectivement).
Tous les pays et tous les secteurs ne sont néanmoins pas uniformément impactés. Le ralentissement est beaucoup plus brutal aux Etats-Unis, région où Atos voit son CA reculer de plus de -10% et Capgemini de -4%, tandis que l’Europe, et la France en particulier, résistent davantage. D’un point de vue sectoriel, les secteur TMT (Technologies, Médias, Télécoms) souffre particulièrement suite aux importantes vagues de licenciements qui ont eu lieu plus tôt cette année (AWS, IBM, Meta….) tandis que les services financiers sont victimes de la prudence des banques dans leurs dépenses discrétionnaires au vu de l’environnement de taux incertain. A l’inverse, l’industrie, la défense, le secteur public et la santé continuent d’enregistrer des rythmes d’investissements soutenus.
Ce ralentissement de la croissance devrait se poursuivre sur la fin 2023 et au début 2024, Capgemini tablant, par exemple, sur une croissante de -1,5% à +0,5% au T4 23 (vs +2,0% au T3 23). Ce ralentissement était néanmoins déjà largement anticipé et reflété dans les différents objectifs des sociétés. En effet, seul Econocom a revu en baisse sa prévision de croissance 2023 lors de cette publication (à « moins de 5% » vs. « environ 5% » précédemment). Pour 2024, Accenture, dont l’année fiscale se termine à la fin août, et Sopra Steria ont donné de premières indications et tous deux tablent sur de la croissance, quoiqu’à un rythme moins soutenu que sur 2023.
Au final, nous ne sommes pas préoccupés outre mesure par ce ralentissement de la croissance, largement anticipé, alors que les besoins de digitalisation des entreprises restent élevés (seuls environ 40% des workloads ont aujourd’hui été migrés sur le cloud, selon Accenture) et que les incertitudes sont davantage portées sur le timing, plutôt que sur le niveau, des investissements à venir.
L’importance croissante du numérique dans la stratégie des entreprises, et la montée en gamme des ESN sur de nouveaux sujets en forte demande (data, IA, sécurité…), leur permet de bénéficier d’un certain pricing power. Sopra Steria a, par exemple, mentionné avoir implémenté, en France, une hausse de prix de 6% sur une grande partie de son portfolio.
Néanmoins, le ralentissement de la croissance perçu depuis plus de six mois désormais devrait nous mener à légèrement revoir à la baisse nos prévisions de croissance pour 2024 lors de notre prochaine mise à jour, prévue dans les semaines à venir.
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