Maïeutique du cloud souverain en France
Après 3 ans de gestation, Thales livre le Google à la Française… avec Google
Lors de leur journée client commune sous la bannière de SENS, Thales et Google ont annoncé de concert, le 29 avril 2025, la disponibilité technique échelonnée jusqu’à l’été 2025 de leurs services cloud souverain, soit un hyperscaler certifié SecNumCloud 3.2 (à finaliser) et toute la gamme GCP associée pour des services de cloud souverain “de confiance”. “Même prestations, même services, mêmes mises à jour, même sécurité que GCP” sont les leitmotivs répétés en boucle.
Le projet est porté, développé, maintenu, hébergé en France par Thales, Google confiant les rênes de l’opération (et restant à portée de clic en cas souci) à son partenaire français.
Le mouvement est symbolique, tant le sujet de souveraineté numérique, secoué aux errements douaniers et géopolitiques venus de Washington, est devenu impératif et urgent aux menus de toutes les discussions sur le digital en France. Mais pas historique, les autres hyperscalers ont déjà pris leurs positions sur le sujet souverain en France, chacun à sa façon. Google fait le choix du partenariat en immersion (et confiance) complète en livrant les clés de ses services à Thales. Déjà Microsoft avait pris pension au Théâtre de la Souveraineté en s’associant dans Bleu avec Orange et Capgemini dans une JV tri-partite (candidats également SecNumCloud), AWS en investissant tout seul dans une infrastructure en propre, localisée en Allemagne pour plus de 7 Mds d’Euros, prévue pour fin 2025. D’autres candidats (OVH, Oodrive, Outscale, Worldline, Cloud Temple…) ont pris leurs marques sur une certification SecNumCloud en attendant que le standards EUCS High + ressorte du placard où il sommeille à Bruxelles.
Au printemps 2025, les actes de naissance fleurissent, les baptêmes se multiplient, les fées se pressent autour des berceaux… il ne manque plus que les clients. Selon les analyses de Thales, environ 20% du marché des services Cloud sont concernés par un besoin “de confiance”, à vérifier au vu des tentatives précédentes de Cloud à la française qui n’ont jamais convaincu, sans oublier de bruler des fonds publics. Les prix des services “identiques-mais-de-confiance” sont, généralement et sans confirmation des acteurs, supérieur de 15 à 20% pour une solution réputée “étanche aux textes extraterritoriaux”… pour peu que l’on se penche longuement sur les conditions contractuelles et autres CGU. Fort de sa longue culture et histoire militaro-étatique-service public, Thales a déjà embarqué des services publics (DGAC) et des acteurs privés sensibles (Mutuelle, Banque) dans son programme d’early adopters et compte bien convaincre une part importante du marché des services publics. On se rappelle les propos du PDG de Total mi-janvier 2025 au sujet de son embarras à mettre toutes ses données dans des clouds américains. Il est attendu de pied ferme…