Les banques françaises misent sur l'innovation dans un contexte de budgets IT sous pression

Le secteur bancaire français a connu une excellente année 2024. Selon les données de la Banque de France, le produit net bancaire a augmenté de 8 % pour atteindre 158,7 milliards d’euros, grâce à une forte hausse des activités de marchés, tandis que les actifs sous gestion ont enregistré une hausse remarquable de 14 %. Cette bonne tendance s’est maintenue au premier semestre 2025 alors que les principaux acteurs, tels que BNP Paribas et la Société Générale, ont affiché des résultats solides, le premier visant des résultats records cette année, le second relevant ses prévisions annuelles.

Néanmoins, cette croissance a été combinée avec une gestion prudente des coûts, les dépenses d’exploitation n’augmentant que de 2,3% en 2024, ce qui reflète une maîtrise stricte des dépenses dans un contexte d’incertitude macroéconomique persistante. Cette priorité accordée à une recherche de gains d’efficacité s’est ressentie dans les budgets IT.  Les grandes banques ont lancé des stratégies ambitieuses pour réduire leurs coûts. La Société Générale vise 600 millions d’euros d’économies IT par an entre 2022 et 2026 et BNP Paribas a réduit ses centres de données de 30 % depuis 2021 et, grâce à une stratégie de plateformisation, vise à réduire ses dépenses IT en 2025 en deçà des 16% de son chiffre d’affaires, niveau atteint en 2023 après des années de hausse. Par ailleurs, le projet Orion de BPCE annoncé début 2025, a pour objectif de migrer les systèmes d’information de ses banques (Banques Populaires, Caisses d’Épargne, Crédit Foncier, Banque Palatine…) sur un même SI et générer, à terme, 130 millions d’euros d’économies par an.

Malgré ces budgets IT sous pression, les banques n’hésitent pas à investir de manière ciblée dans des domaines à fort impact tels que l’automatisation et la digitalisation des processus, le cloud et la plateformisation, la banque digitale et l’open banking. Ces technologies permettent non seulement de réduire les coûts opérationnels mais aussi d’accélérer l’innovation et d’améliorer le service client.

La réglementation demeure un important moteur d’investissements et pousse les banques à investir dans l’IT pour garantir la conformité, renforcer la transparence et sécuriser les données. Des exigences comme celles du RGPD, de Bâle III ou de la directive PSD2 imposent la modernisation des systèmes d’information. Ces réglementations ne doivent néanmoins pas être perçues comme des contraintes par les banques mais comme des catalyseurs d’innovation. L’open banking, par exemple, favorise l’innovation en ouvrant les systèmes bancaires aux développeurs tiers via des API, permettant la création rapide de services financiers personnalisés et interconnectés. Il enrichit l’écosystème en facilitant la collaboration entre banques, fintechs et plateformes technologiques, au bénéfice de l’utilisateur final.

Notons enfin que l’IA générative est désormais au cœur des stratégies de l’ensemble des acteurs du secteur. Elle est utilisée pour automatiser des tâches complexes comme le traitement de documents, ou la gestion de la relation client via des chatbots avancés, réduisant ainsi les coûts opérationnels. Elle sert aussi à concevoir de nouveaux produits financiers, personnaliser les offres et améliorer la prise de décision grâce à l’analyse intelligente des données. Le potentiel de la technologie est bien illustré par BNP Paribas qui revendique, à elle seule, 780 cas d’usage de l’IA déployés en production et vise 1 000 cas d’usage d’ici la fin 2025.

👉 Pour aller plus loin sur la transformation technologique du secteur bancaire en France, consultez notre étude exclusive « Banking – Insight Analysis – France » (accès abonnés)

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