InCyber2025 : la terre tremble en direct dans la cyber
Le Forum Annuel Franco-européen de la cybersécurité InCyber se déroulait à Lille du 1er au 3 avril 2025. Il a vécu les soubresauts géopolitiques en direct.
Durant cet événement, l’administration Trump a annoncé le déclenchement de ses tarifs douaniers « réciproques » et provoqué un séisme économique.
En conséquence de ces annonces, les représentant des utilisateurs mais aussi des offreurs ont activé les signaux d’alerte : le niveau de dépendance de l’économie Européenne aux technologies digitales basées ou issues des USA est tel que toute vengeance douanière sur les offres des grands acteurs GAFAM et autres serait une catastrophe tarifaire dont les conséquences sont incommensurables.
Mais surtout, les alternatives européennes souveraines, ou au moins indépendantes, ne sont prêtes à soutenir la comparaison des fonctionnalités, de la robustesse, de la massification à l’échelle planétaire, et encore moins de prix.
La situation est encore pire en cybersécurité. La pérennité et la résilience digitale de très nombreux systèmes d’information européens, y compris régaliens, étatiques ou sécuritaires, reposent sur des acteurs américains ou basés aux USA. La crainte d’un ordre de la Maison Blanche de couper ces services aux entreprises européenne est bien réelle.
Une association européenne, ECA a organisé une cartographie des offres de cybersécurité 100% européenne qui révèle que la complétude de l’offre de cyber est à portée de main mais quelle n’est pas (encore) coordonnée et ne peux pas se substituer à d’autres offres de cybersécurité totalement intégrées sur une échelle planétaire et disponible 24/7/365. L’Europe de la cybersécurité n’est pas prête et ne se montre pas encore capable de répondre au défi d’alternative, guerre douanière ou pas.
Est-elle morte pour autant ?
Certainement pas, les briques de solutions existent, souvent au niveau multirégional. Il manque une impulsion pour fédérer les différentes parties du puzzle.
L’impulsion n’est pas forcément politique, même si un plan VDL (Van Der Layen, pour ne pas dire Marshal) de la cybersécurité, au moins équivalent à celui déclenché pour l’IA ne serait pas de trop pour alimenter le projet de consolidation et de passage à l’échelle mondiale. L’impulsion pourrait également venir des grands donneurs d’ordre du digital, étatiques ou privés, qui consomment plusieurs milliards d’Euros tous les ans sur des solutions de cybersécurité issues des Etats-Unis et seraient bien inspirés de commencer à contribuer à la consolidation d’une industrie européenne de la cybersécurité. Au moins au nom de leur propre indépendance et souveraineté économique. Un Airbus de la cybersécurité financé par ses clients est une piste plausible et maitrisée.