ChangeNow 2025 : optimisme sur la décarbonation malgré le contexte
A l’occasion de ChangeNow 2025, Sopra Steria organisait une table ronde sur les chances de réussite de la transition carbone en France. La table ronde impliquait le secteur public (le CNES, la Caisse des Dépôts) et deux entreprises privées actives dans la promotion de la décarbonation (Sopra Steria et Sweep, un éditeur de reporting ESG).
Le contexte économique et géopolitique ne conduit pas à l’optimisme. Météo France a dressé un état des lieux sombre d’une France affrontant un réchauffement de 4 degrés à horizon 2100.
Contre toute attente, la table ronde a dressé un bilan largement positif de la transition carbone, tiré par l’action publique et parapublique. Pour autant, les défis demeurent et, pour les surmonter, la table ronde incite les entreprises à considérer les données ESG comme instrument d’identification des risques poussant à l’action, plutôt que du reporting additionnel.
La décarbonation avance en France
La table ronde a dressé un état des lieux positif de la décarbonation, tiré par l’État. Quelques exemples :
- La Caisse des Dépôts (CDC) à travers la Banque des Territoires finance la rénovation énergétique des logements sociaux qui sera achevée dans deux ans, impactant 2m de français. Elle finance aussi la rénovation énergétique des écoles, avec la moitié de son objectif de 10 000 écoles déjà réalisé. Au total, la CDC a un budget de 100 Mrds €, avec quatre axes majeurs : la transformation des entreprises, le logement, le transport et la gestion de l’eau et de la biodiversité.
- L’inclusion de critères écologiques dans les achats des acteurs publics. La SNCF estime que ses achats (14 Mrds € auprès de 20000 fournisseurs) représentent 70% de ses émissions carbone. Les grands comptes vont tirer l’éco-responsabilité parmi leurs fournisseurs, petits et grands.
Malgré cette tendance positive, la décarbonation reste un sujet mouvant et affronte déjà de nouveaux défis, tels que l’augmentation de la consommation électrique.
Vers une réaccélération de la consommation électrique tirée par l’IA générative
Le secteur numérique a largement ignoré le sujet écologie. Le message de la table ronde était qu’il ne pourrait pas en faire l’économie. L’IA générative (GenAI) va tirer la consommation électrique dans les prochaines années. L’impact de la GenAI n’est pas anecdotique. La table ronde estimait que la GenAI aura un vrai impact sur les émissions carbone de chaque pays de l’UE. Les objectifs de neutralité carbone n’ayant pas inclus l’impact du GenAI, les objectifs de quasi-neutralité carbone de l’Union Européenne, déjà largement en péril, seront impactés.
Un des chantiers les plus importants du numérique est de mesurer l’impact carbone des data centers servant des clients français. La mesure est compliquée par le manque de standardisation des données et en empêche la comparaison. Ce qui amène le sujet du reporting ESG.
Le futur : faire du reporting ESG une opportunité business
Le reporting ESG reste un grand chantier, en termes de collecte de l’information, de mesure et d’actions pour diminuer l’impact carbone. Le sujet se complexifie en étendant la mesure carbone à d’autres sujets tels la biodiversité. Au-delà de ces aspects, le message de la réunion était de considérer le reporting comme une opportunité business.
Par exemple, certaines entreprises commencent à envisager l’impact des changements climatiques pour mesurer leurs expositions aux risques environnementaux, ou le risque juridique lié à l’impact des produits de leur entreprises sur l’environnement.
La standardisation des données environnementales : un chantier de long terme
Changer les mentalités des grands groupes et les ajouter aux objectifs financiers est un chantier majeur. S’y ajoute une autre complexité : comment seront définis les paramètres/KPIs environnementaux et quelle en sera la gouvernance ? L’Union Européenne devra définir des critères acceptables par tous les pays membre et négocier avec les Etats-Unis. Le chantier ne fait que commencer.