Atos Capital Market Day : des objectifs financiers ambitieux
Sous la houlette de son nouveau PDG, Philippe Salle, Atos tenait, mi-mai, un Capital Markets Day pour expliquer sa stratégie et sa feuille de route financière jusqu’en 2028. L’évènement était très attendu : Atos sort de quatre ans d’instabilité managériale et de problèmes de dette. Le sujet de la dette est résolu et Philippe Salle a présenté son programme Genesis de transformation d’Atos. Genesis est un programme très ambitieux : la société vise une croissance organique de 5-7% en moyenne en 2025-2028, et une marge d’exploitation ajustée de ~10%. Atos veut aussi acquérir 0,5 à 1MM€ de CA au cours de la période, en fonction de sa génération de trésorerie.
Une question demeure : pourquoi ce plan de transformation devrait-il réussir là où les précédents ont échoué ? Les clients sont rassurés, le pipeline fourni, et le management focalisé sur les opérations. « Atos is back ».
Quelques points
- Le retour à la marque Atos pour les services informatiques (conseil, infrastructure applications). Eviden est repositionné sur les produits logés dans l’ancien BDS (Advanced Computing, Systèmes Critiques, Digital Security) et les produits de Computer Vision. Les négociations entre Atos et le gouvernement française sur Advanced Computing (~0,8 milliard de CA) continuent (négociation exclusive jusqu’à la fin du mois de mai). La société estime qu’elle n’est plus sous pression pour vendre le reste de l’ancien BDS.
- Une simplification du portefeuille de services qui est maintenant structuré autour de six lignes d’activité. Atos a réduit le nombre de ses offres de 170 à 40 et va donner la priorité à 20 d’entre elles. L’offre reste centrée sur l’infrastructure et le cloud. L’IA (principalement GenAI) est une priorité, et Atos a créé une nouvelle entité, Data & AI qui vise à regrouper toutes ses offres, et consultants. Data & AI développera pour les autres entités de nouveaux cas d’usage autour de l’IA en mode usine. L’entité a des ambitions de croissance, et vise 10 000 consultants, contre 2 000 actuellement. D’autres changements sont à prévoir dans le portefeuille : la cybersécurité est, bien entendu, une priorité (représentant 1MM € de CA pour les services et produits).
- Une présence sur plusieurs zones clefs : Amérique du Nord, Allemagne-Autriche-Europe de l’Est, France, UK&I, BeNeLux et pays nordiques, et marchés internationaux (par exemple, Espagne, MEA, APAC et Amérique latine). Atos opère dans 68 pays et souhaite rationaliser son empreinte géographique pour réduire les coûts, en ciblant les petites opérations (représentant un CA combiné de 0,3MM€).
- L’Amélioration de la rentabilité grâce à plusieurs leviers : augmentation du taux d’utilisation (objectif de 85 %, contre 76 % au début de l’année), réduction des frais généraux (de 7 % à 5 % du chiffre d’affaires), et automatisation/AI (+1,5 points) d’ici à 2028. L’entreprise souhaite également augmenter son ratio nearshore et offshore à plus de 60% d’ici 2028. En outre, Atos est train de réexaminer son portefeuille de contrats, en se concentrant opérationnellement sur les contrats à risque, ceux dont la marge est inférieure à 5%.
- Le GTM, en mettant l’accent sur les clients existants. Atos ne vend en moyenne que 1,6 de ses grandes offres par client et veut augmenter son cross-selling. La société estime que le cross-selling apportera une augmentation de 10 % de ses commandes d’ici 2028 (2024 : 7,9 MM€). Pour ce faire, la société a mis en place une structure Client Executive Partner (CEP) qui vendra l’ensemble du portefeuille d’Atos. Elle a triplé ses effectifs de consultants avant-vente. Atos veut aussi augmenter son taux de renouvellement des contrats (92% au cours des six derniers mois). Parallèlement, Atos développe ses équipes chargées des grandes contrats (actuellement Digital Workplace Services et Cloud & Infrastructure).
Le plan de transformation ne s’arrête pas là, et des actions sont prévues autour pour rationaliser ses partenariats technologiques (SAP et ServiceNow), et ses dépenses en R&D. Sous de Philippe Salle, Atos sera une ESN à l’offre plus recentrée. La priorité est à l’exécution. Les antécédents de Philippe Salle en matière de redressement d’entreprises devraient y contribuer.